Pour devenir leur "libre" héritière, il me fallait rompre l'absolu d'un silence dont j'étais depuis toujours l'otage. Écrire devenait une tâche urgente.
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En perdant mes parents, je perdais aussi des identifications paralysantes, terriblement angoissantes. En me quittant, ils me libéraient de leur emprise muette. Ils étaient morts. J'allais enfin pouvoir les rencontrer.
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Quel est le secret des couples qui traversent le temps ? On préfère évoquer la rencontre, le coup de foudre, la lune de miel, l'idéalisation première, mais qui parle du passage du temps, de la réalité quotidienne, des ajustements à faire, des concessions, de la tolérance aux différences, de la patience, de la diplomatie, de la ruse même, cette intelligence oblique des Anciens ? Qui dira tout de qui permet de dépasser les tensions, les conflits, d'apaiser les colères, de résoudre les disputes, de surmonter les brouilles ?
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Des années durant, j'étais revenue sur les premières semaines de ma vie, y cherchant les racines de ma douleur. Avais-je raison, avais-je tord ? Toute histoire n'est-elle pas reconstruction ? Toute mémoire n'est-elle pas, en partie au moins, transformation, imagination, espoir de cohérence ?
La vie, l'analyse, l'amour, l'amitié, le temps qui passe, la musique, la maladie , la disparition de ceux que l'on aime, la beauté d'un chat, de la neige, l'arabesque d'un bouquet de tulipes, le trésor des livres, le goût du thé... ont suturé les bords de la blessure.
Lydia Flem. Comment j'ai vidé la maison de mes parents : une trilogie. Ed. Points